Le problème avec le e-learning (et c’est pareil depuis 20 ans)…

… c’est qu’on entend beaucoup les vendeurs (de technos, de solutions, de services, etc.), un peu les chercheurs, mais jamais les utilisateurs-apprenants…

Tout se passe comme si l’apprenant était toujours prêt à tout pour apprendre.

Pourtant, si ni les promesses du e-learning, ni celles du mobile-learning, pas plus que celles des Moocs, ni même encore celles de la ludification des précédents, n’ont été à la hauteur des attentes, c’est bien parce que, finalement, c’est toujours l’utilisateur-apprenant qui a le dernier mot.

La formation du point de vue de l’apprenant

Si l’on s’intéresse à la formation du point de vue de l’apprenant, les chiffres sont têtus. D’après elearningindustry.com (article de décembre 2017, en Anglais) :

  • 91% des utilisateurs de smartphones se tournent vers leur appareil pour trouver des idées lorsqu’ils accomplissent une tâche.
  • Sur Youtube, les recherches liées aux mots clés « comment faire » (« how to » en anglais) connaissent une croissance de 70% par an.
  • Plus de 70% des collaborateurs ont recours à des moteurs de recherche pour acquérir les connaissances et les compétences requises pour leur poste ; ils déverrouillent leur smarphone 9 fois par heure en moyenne ; ils consultent des contenus vidéos d’une durée inférieure à 4 minutes.

En matière de formation numérique, j’ai appris à rester humble : mon concurrent principal, c’est bien YouTube.

Apprendre des méthodes agiles et du design d’expérience (UX)

Pour se rapprocher des utilisateurs-apprenants, c’est du côté de l’agilité et du design d’expérience que la formation a aujourd’hui le plus à gagner (on achètera le LMS plus tard). Tout d’abord, ces approches ont fait leurs preuves dans le contexte exigeant de la transformation numérique. Elles permettent de concentrer ses forces sur l’essentiel, et de trouver des solutions concrète et de combattre les préjugés.

Surtout, ces approches, les unes (méthodes agiles) comme les autres (recherches utilisateur et design thinking) sont méthodiques. Structurantes. Ça rassure.

Résultat :

  • Je développe en cycles courts (moins d’une semaine) pour ensuite améliorer par itération. Par exemple : les métiers organisent des transferts de compétences. Je les filme ou les enregistre et je diffuse un premier parcours en-ligne. Puis j’écoute ce qu’en disent les apprenants et leurs managers. On perd moins de temps.
  • Je multiplie et teste les formats et les modalités : quiz, emails, jeux, mobile, parcours certifiants, modules vidéo, formation asynchrones, épreuves corrigés, etc. Chaque population a ses préférences, ses habitudes. Le temps que j’ai gagné avec mes cycles courts, je le consacre à multiplier les formats et les modalités pour m’adapter à chaque besoin.
  • Enfin je co-produis avec les apprenants. Je me suis dès le début mis à la disponibilité de toutes les initiatives de diffusion de connaissances, transferts informels pour développeurs, sans tenter d’imposer une pédagogie ou de privilégier une méthode, sans jouer à l’expert en formation.

Mon travail et mon statut de concepteur pédagogique ont évolué. Je ne m’en plains pas.

2 réponses à “Le problème avec le e-learning (et c’est pareil depuis 20 ans)…”

  1. Avatar de Samuel Tremblay
    Samuel Tremblay

    Excellent article!

    1. Avatar de pierremangin
      pierremangin

      Merci Samuel, ça fait toujours plaisir.

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