Les technos passent, reste la formation 😀

Avant d’aller plus loin, d’entrer dans les dĂ©tails, d’analyser et comparer des besoins, des process, des solutions, j’aime prendre du recul, faire un zoom arriĂšre, et prendre la mesure de mes tĂąches et responsabilitĂ©s. En tant que Digital Learning Manager, je suis sollicitĂ© par des vendeurs de l’EdTech toujours  convaincus de dĂ©tenir les clĂ©s de la disruption, le Graal de la transformation digitale.

Un modĂšle Ă  l’abri du futur

Afin de faire face la tĂȘte froide Ă  ces assauts, j’ai besoin d’un cadre, d’un repĂšre, d’une cartographie qui me soit familiĂšre. Qu’est-ce qui est important pour moi ? Quels sont les points de vigilance essentiels ? Quels sont les objectifs et responsabilitĂ©s primaire d’un DLM ? Des objectifs qui ne sont pas remis en question Ă  la premiĂšre nouveautĂ©, par la premiĂšre startup venue, au dĂ©tour de la derniĂšre innovation ? Des responsabilitĂ©s indĂ©pendantes des normes, standards et technologies environnantes ?

Finalement, je vois pour mon métier trois sujets fondamentaux et structurants :

  1. Les compétences cibles
  2. Les points de contact
  3. Les traces

(Ces sujets reprennent les trois Ă©tapes familiĂšres du processus de conception d’une formation traditionnelle, Ă  savoir : les objectifs, les supports, et les Ă©valuations.)


Les compétences cibles

La premiĂšre de mes responsabilitĂ©s est de maintenir un rĂ©fĂ©rentiel cible des compĂ©tences. Je ne vois pas de meilleur moyen de piloter mon activitĂ© que par les compĂ©tences, les savoir-faire opĂ©rationnels, facilement vĂ©rifiables sur le terrain (les fameux « ĂȘtre capable de »). Si je suis lean, je dis mĂȘme que tout ce qui n’est pas opĂ©rationnellement vĂ©rifiable ne m’intĂ©resse pas (au titre de ce rĂ©fĂ©rentiel cible bien sĂ»r). Je vous invite Ă  lire et relire l’excellente prĂ©sentation de Cathy Moore sur l’intĂ©rĂȘt de se concentrer sur ce qui est vĂ©rifiable (Action mapping: A visual approach to training design).

En mode agile, ce rĂ©fĂ©rentiel Ă©volue en permanence, au grĂ© de l’actualitĂ© (cf. RGPD) ou des souhaits exprimĂ©s par les collaborateurs eux-mĂȘmes.

Les points de contact

Le deuxiĂšme volet, c’est le moment de formation lui-mĂȘme, l’instant oĂč l’apprenant est confrontĂ© au savoir.

J’appelle cet instant « Points de contact » en rĂ©fĂ©rence aux touchpoints du design d’expĂ©rience, parce que je place mon action dans une perspective centrĂ©e sur l’apprenant. À l’heure de Youtube et de Slack, si mes formations ne sont pas centrĂ©es sur l’apprenant, elles resteront lettres mortes – en d’autres termes, autant changer de mĂ©tier 😉

L’autre intĂ©rĂȘt de considĂ©rer mes actions de formation comme de simples « Points de contact » est de dĂ©dramatiser cet endroit du Digital Learning, je parle du format. Notre mĂ©tier n’est pas un mĂ©tier technique. Il n’est pas dictĂ© par la technique. Il ne doit jamais l’ĂȘtre. Que l’on parle d’un Ă©change de messages textuels sur un forum en ligne ou d’une session de serious game, si la compĂ©tence est acquise, elle est acquise.

Quelques exemples de « Points de contact » :

  • Session de prĂ©sentiel
  • Module e-learning sur LMS
  • Lecture (livre, PDF…)
  • Apprentissage sur le terrain
  • Coaching par tĂ©lĂ©phone
  • VidĂ©oconfĂ©rence
  • Webinaire
  • CommunautĂ©s de pratiques
  • Mentorat
  • ConfĂ©rences, sĂ©minaires

  • Etc.

Les traces

C’est ici, Ă©videmment, que le Digital prend toute sa place, et Ă©tale son potentiel, presque infini. Sur le papier, dĂšs que l’on est digital, tout est tracĂ©. Mais ce n’est pas parce que l’on collecte de la donnĂ©e que l’on a de bons Learning Analytics. Il suffit de constater la pauvretĂ© crasse des donnĂ©es prises en  charge par SCORM pour s’en rencre compte. Je reviendrai plus tard sur cet aspect data de la formation digitale : ou comment ĂȘtre dataready mĂȘme quand on n’a pas encore d’outils d’analyse en tant que tel.

Une bonne nouvelle : le standard xAPI constitue une vraie rĂ©volution pour la gestion future de mes traces, et j’ai vraiment hĂąte de voir ça de mes propres yeux.


En plus de m’aider Ă  structurer mes activitĂ©s, ce modĂšle en trois volets, compĂ©tences, points de contact et traces, simplissime, me permet aujourd’hui d’Ă©valuer trĂšs rapidement un outil, un contenu ou un prestataire, et de savoir s’il pourra se conformer Ă  mes exigences de base.

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